Votre ophtalmologiste ou votre orthoptiste a prescrit un cache à votre enfant. 

Si vous n'avez pas compris le pourquoi du comment, on vous explique tout !

Votre ophtalmologiste ou votre orthoptiste a prescrit une occlusion à votre enfant. Pas toujours facile de comprendre ce que ça veut dire, ni pourquoi c’est si important. On vous explique tout, simplement.

L’amblyopie, souvent appelée "œil paresseux", correspond à une baisse de la vision que les lunettes seules ne peuvent pas corriger, si elle n’est pas traitée à temps. Parfois, les deux yeux peuvent être concernés (plus rare). Environ 2 à 3 % des enfants sont touchés en France.

Un peu comme on met un plâtre sur une jambe cassée, on cache l’œil qui voit bien pour forcer l’autre à "travailler". 

C’est une étape essentielle du traitement, à suivre toujours selon les recommandations de votre spécialiste.

Et le bon côté des choses ? 

La formidable capacité d'adaptation du cerveau de votre enfant peut faire des merveilles, si on lui en donne les moyens !

Pourquoi faut-il agir tôt ?

Les yeux fonctionnent comme des caméras : ils envoient une image au cerveau. Mais chez l’enfant, quand l’un des deux yeux envoie une image floue (à cause d’un défaut visuel comme la myopie, l’hypermétropie ou l’astigmatisme), le cerveau préfère se concentrer sur l’image la plus nette.
⇒ Résultat : il finit par délaisser celle de l’autre œil. Les voies visuelles de cet œil peu utilisé s’éteignent silencieusement, et il n’apprend pas à bien voir.

Même avec les bonnes lunettes portées pendant plus d’un mois, le cerveau ne sait pas quoi faire de cette image, car il n’a jamais appris à s’en servir.

Et là, le cache entre en jeu !

Heureusement, le cerveau de votre enfant est extrêmement malléable. Si on lui "fait croire" qu’il a perdu l’œil fort (en le cachant), il va tout mettre en œuvre pour réactiver les connexions visuelles de l’œil faible.

Vous l’aurez compris :

✔️ Les lunettes apportent une image nette.
✔️ Le cache oblige le cerveau à l’utiliser.

C’est ce combo gagnant qui permet à votre enfant d’apprendre à voir correctement avec ses deux yeux.

Ne pas confondre : défaut visuel ≠ amblyopie

Un défaut visuel (comme la myopie ou l’astigmatisme) peut se corriger à tout âge avec des lunettes.

L’amblyopie, elle, ne se traite efficacement que pendant l’enfance.
Plus l’enfant est jeune, meilleurs sont les résultats.

Le traitement 

Avant toute chose, il est impératif de traiter la cause qui a entraîné l'amblyopie, comme par exemple un besoin de lunettes, un strabisme ou toute opacité oculaire.

Ça c’est le travail  de vos professionnels de santé : Ophtalmologiste, Orthoptiste et Opticien !

Par la suite, il va falloir obliger le cerveau à utiliser l'œil amblyope en couvrant le bon œil, jusqu'à ce que la vision de l’œil paresseux soit rétablie : vous l’aurez compris, on force ainsi le cerveau à utiliser cet œil et à créer les structures cérébrales nécessaires à une bonne vision de l’œil amblyope.

Une fois que l'équilibre visuel entre les deux yeux est atteint, un traitement de consolidation prolongé est nécessaire. Parfois, il est nécessaire de maintenir le traitement de façon tardive pour éviter les rechutes, jusqu’à l'âge de 10 ans.

Les astuces

Bien positionner le cache-œil 

• Demandez à votre enfant de fermer les deux yeux afin que les muscles du visage se détendent et qu'aucun pli ne se forme autour de l'œil.
• Appliquez le pansement sur l'œil en faisant attention à ce que le plus petit côté du cache soit orienté vers le nez.
• L'œil doit être totalement occlus, la lumière ne doit pas passer. 
• Il peut être difficile d'occlure un œil chez un enfant, mais il est reconnu que plus la coopération est bonne, plus le traitement se déroule efficacement.

Faire accepter le cache-œil 

• Veillez à avoir une approche empathique : ce traitement est difficile pour l'enfant. Il est essentiel d'apporter un soutien à votre enfant tout au long de son traitement, que ce soit en portant des lunettes correctrices ou un cache-œil. Il est important de lui rappeler que le traitement s'arrêtera un jour mais que pour l'instant "on n'a pas le choix".
• En expliquant à l'enfant, selon son niveau de compréhension, l'importance et le fonctionnement de ces outils pour améliorer sa vision, vous pouvez le motiver et le rassurer.
• Il est préférable de ne pas faire du port du cache un sujet de famille récurrent, pensez à prévenir vos proches en amont afin d'éviter à votre enfant des questions ou réflexions qui pourraient lui être désagréables.
• Communiquez avec le corps enseignant de façon à adapter les activités, le travail en classe et aussi l'intégration du cache-œil avec les camarades de classe.
• Lorsque vous vous rendez en pharmacie, essayez d'opter pour des caches colorés ou encore à motifs que l'enfant pourra sélectionner en fonction de ses goûts, de son humeur ou même de la météo..! Ainsi, il se sentira impliqué dans son traitement.

• Rendez le port du cache amusant en proposant des activités ludiques à votre enfant : dessiner, colorier, jeux de construction. Toute activité stimulant la motricité fine favorise le traitement car l'œil amblyope sera davantage sollicité. 

Pour les plus grands, on pourra négocier un temps partiel d’écran pendant la période d'occlusion, à bonne distance et en respectant les recommandations d'exposition en fonction de l'âge.

 

•  N'hésitez pas à installer des rituels :
  • le choix du cache par l'enfant lui-même,
  • la mise en place d'un chronomètre que l'enfant déclenche lui-même, 
  • si le cache est porté sur le temps scolaire, prenez des repères temporels simples par exemple « on le retire avant/après la cantine »
  • lorsque le cache est retiré après la durée indiquée par le prescripteur, il peut être collé dans un journal, sur une peluche ou encore sur un poster,
  • noter le temps de cache dans un tracker…

 

• Valorisez les efforts de l'enfant, soutenez le et montrez lui de la compréhension car le port du cache peut être difficile à supporter pour l’enfant.
• Dernier conseil et pas des moindres : allez régulièrement voir votre orthoptiste ou ophtalmologue afin de contrôler l'acuité visuelle de votre enfant. Il est important d'évaluer les progrès et d'ajuster le traitement de l'occlusion. 

En cas de difficulté, les professionnels seront là pour vous proposer des solutions, n'hésitez pas à leur en faire part.

FOIRE AUX QUESTIONS

 Sur le traitement lui-même

Combien de temps va durer le traitement ?

Cela dépend de nombreux facteurs : l'âge de l’enfant, la cause et la profondeur de l’amblyopie, la bonne réalisation du traitement et aussi (malheureusement) les possibilités de rechutes !

Est-ce que l’amblyopie peut revenir après le traitement ?

Malheureusement oui… Jusqu’à un certain âge ! le cerveau conserve sa plasticité jusqu’à 6 ou 7 ans, si le traitement est interrompu de façon trop brutale ou si l’enfant ne porte plus ses lunettes correctement, le cerveau peut retourner dans ses travers et redévelopper une amblyopie… Des controles réguliers jusqu’aux 12 ans de l’enfant sont recommandés.

Pourquoi faut-il encore cacher l’œil alors que mon enfant porte déjà des lunettes ?
Parfois les lunettes ne suffisent pas à permettre au cerveau de prendre l’image de l’oeil amblyope en compte.. On doit lui faire croire qu’il a perdu le bon oeil pour qu’il mette tout en œuvre pour créer les connexions nécessaires au traitement de l’image de l'œil amblyope… Mais ça ne fonctionnera que si les lunettes sont portées en permanence !

Est-ce que le cache peut abîmer l’œil qui voit bien ?
Non le cache ne peut pas abimer au sens propre le bon oeil. Par contre, il existe des cas où si le traitement n’est pas bien suivi (trop de cache par exemple), le bon oeil peut devenir amblyope : on parle de bascule ! mais pas de panique, ça se récupère très bien si vous suivez les recommandations de votre professionnel de santé !

Est-ce que ça va vraiment marcher à son âge ?
Un traitement d’amblyopie bien mené (c’est-à-dire lunettes adaptées + occlusion bien portée) fonctionne à merveille jusqu’aux 7 ou 8 ans de l’enfant. Passé cet âge, il devient plus difficile de faire accepter le cache à l’enfant qui est déjà grand. 

Y a-t-il une alternative au cache ? (ex. : collyres, filtres, rééducation)
Il existe effectivement d’autres traitements mais qui sont plus invasifs (comme les gouttes à mettre chaque jour, avec un risque de réaction).  Les filtres de type Ryser sont souvent utilisés pendant la période de stabilisation pour éviter la rechute de l’amblyopie. La rééducation via des jeux vidéos peut avoir un intérêt mais elle ne surpasse pas les résultats obtenus par le port sérieux du cache, et les sites proposent des abonnements chèrement payés. En tout état de cause, elle devra se faire en complément du cache.

On a loupé des heures de cache, est-ce qu’on doit le dire à notre praticien? 

Oui, bien sûr ! Votre orthoptiste sait que le traitement est difficile et qu’il peut y avoir des loupés. Soyez transparents car cela peut expliquer une acuité visuelle qui stagne… Ne le lui cachez pas, car il risquerait d’augmenter le temps d’occlusion pour rien…

Sur le quotidien de l’enfant

Est-ce qu’il peut aller à l’école avec le cache ?
Oui, en maternelle il est même recommandé de lui faire porter le cache le matin préférentiellement. En primaire, passé le CE1, on évite car les enfants peuvent être sujets aux moqueries des camarades. N’hésitez pas à négocier avec votre professionnel de santé pour que le cache soit porté hors temps scolaire (mais ce n’est pas toujours possible !)

Peut-il faire du sport ou des écrans pendant l’occlusion ?
Oui ! Toujours avec les lunettes bien sur ! Seule exception permise : la piscine de façon ponctuelle !

Et s’il refuse de le porter ?
Soyez sûrs de vous, vous faites ce qu’il y a de mieux pour votre enfant. Au même titre qu’on ne négocie pas un plâtre, on ne négocie pas le port du cache. C’est difficile pour tout le monde : l’enfant, les parents, la fratrie, mais c’est indispensable !

Que faire si le cache lui donne chaud ou irrite la peau ?
En cas d’irritation de la peau par stimulation répétée des caches, vous pouvez alterner les tailles de caches. Il existe également des crèmes spécifiques pour apaiser la peau. Parlez en à votre professionnel de santé qui saura vous conseiller.

Peut-on faire une pause pendant les vacances ?
On aimerait tellement mais … Non ! Pour garantir la réussite du traitement, il est impératif de respecter strictement l’occlusion prescrite.